Les retours produits :
pourquoi rendre la tâche si compliquée ?

Le processus de retour produit constitue une composante essentielle de l’expérience client. Qu’il s’agisse d’un achat effectué en ligne ou en magasin physique, la simplicité et l’efficacité avec lesquelles un client peut retourner un article insatisfaisant représentent un indicateur clé de la qualité du service client global.

Cependant, force est de constater qu’en 2024, de nombreuses enseignes ont mis en place des procédures de retour particulièrement complexes. Cette complexification se manifeste par des formulaires difficiles d’accès, des conditions manquant de clarté, des délais restrictifs et des services clients parfois peu réactifs.

Cette tendance s’est accentuée récemment, notamment en raison de l’augmentation significative des coûts logistiques, amenant certains analystes à évoquer une “optimisation stratégique des retours” dans le secteur du commerce.

Les fondements économiques de la complexification des processus de retour

La rationalité économique sous-jacente à cette stratégie est évidente : les retours représentent un centre de coût significatif pour les distributeurs.

Selon les données de Statista, les retours peuvent atteindre jusqu’à 30% du volume total des ventes e-commerce dans le secteur de la mode. Chaque retour engendre des coûts substantiels : frais de transport, main-d’œuvre pour le réemballage, processus de reconditionnement, et parfois perte de valeur marchande si le produit est détérioré.

Face à ces enjeux financiers, certaines entreprises ont adopté une approche consistant à augmenter les “frictions” dans le parcours de retour, partant du principe qu’un processus plus complexe découragera une partie des demandes.

Étude de cas : En 2024, un grand acteur de la fast fashion a implémenté des frais de retour même pour les achats effectués en ligne. L’objectif déclaré était double : responsabiliser les consommateurs et limiter les pratiques de commandes multiples avec intention de retour. Cette décision a néanmoins suscité des réactions négatives significatives sur les plateformes sociales et relancé le débat sur les droits fondamentaux des consommateurs.

Analyse des mécanismes de dissuasion couramment employés

L’observation des pratiques actuelles révèle plusieurs méthodes récurrentes visant à optimiser le taux de retour :

Accessibilité réduite de l’information : Les conditions de retour sont fréquemment intégrées dans des sections FAQ volumineuses, réduisant leur visibilité.

Contraintes temporelles accrues : Certaines plateformes limitent la période de retour à 7-10 jours, une durée inférieure au délai légal de rétractation de 14 jours applicable dans de nombreuses juridictions.

Modalités de remboursement restrictives : Substitution du remboursement monétaire par un avoir ou crédit boutique, limitant ainsi la liberté de choix du consommateur.

Limitations de l’accompagnement client : Services d’assistance difficiles à joindre ou peu réactifs lors des demandes liées aux retours.

Données sectorielles : En mai 2024, une enquête conduite par 60 Millions de Consommateurs a identifié des pratiques qualifiées de “frictions délibérées” dans les parcours de retour de distributeurs majeurs, soulevant des questions quant à la conformité de ces pratiques avec l’esprit des réglementations de protection du consommateur.

Impact sur la performance commerciale à long terme

Il convient de noter que la stratégie de dissuasion des retours présente des risques significatifs pour la performance commerciale à moyen et long terme. Un client dont la demande de retour est entravée ne représente pas nécessairement une économie nette pour l’entreprise.

Les conséquences potentielles incluent :

  • Érosion du capital fidélité
  • Prolifération d’avis consommateurs négatifs sur les plateformes d’évaluation
  • Détérioration de l’image de marque par communication interpersonnelle négative
  • Diminution du taux de réachat

Données quantitatives : Une étude conduite par Narvar en 2024 indique que 76% des consommateurs ayant expérimenté un processus de retour insatisfaisant déclarent ne plus effectuer d’achats auprès du distributeur concerné à l’avenir.

Modèles d'excellence en matière de gestion des retours

Certaines organisations ont adopté une approche diamétralement opposée, faisant de la facilité des retours un avantage concurrentiel distinctif :

Decathlon a implémenté une politique autorisant les retours jusqu’à 365 jours pour les articles non utilisés associés à un compte client, démontrant ainsi une confiance significative envers sa clientèle.

Amazon a développé un processus dématérialisé ne nécessitant pas d’impression documentaire, minimisant ainsi les points de friction.

Vinted propose un système d’automatisation des remboursements en cas de litige et garantit un processus de retour prépayé, réduisant l’anxiété associée aux transactions entre particuliers.

Ces organisations ont intégré la simplicité des retours comme élément constitutif de leur proposition de valeur, reconnaissant son impact sur les taux de conversion et la confiance des consommateurs.

Recommandations pour une optimisation stratégique des retours

L’amélioration des processus de retour représente une opportunité stratégique significative. Elle requiert une approche centrée sur le client tout en maintenant l’efficience opérationnelle.

Les éléments constitutifs d’une politique de retour optimisée incluent :

  • Une communication transparente et facilement accessible des conditions
  • Une digitalisation complète du parcours, minimisant les interactions manuelles
  • Des délais raisonnables, respectant à minima les exigences réglementaires
  • Un service client formé et habilité à résoudre efficacement les problématiques de retour

Il est indispensable de reconceptualiser les retours non comme une menace pour la rentabilité mais comme une opportunité de renforcement de la relation client.

Le processus de retour comme élément stratégique de l'expérience client

Le retour produit constitue souvent le point de contact final entre le consommateur et la marque. La qualité de cette interaction détermine l’impression résiduelle et influence significativement la probabilité de réengagement futur.

Dans un environnement commercial où les expériences client sont instantanément partagées et évaluées, ce dernier point de contact peut exercer une influence disproportionnée sur la perception globale de la marque et sa recommandation.

Optimisation des parcours de service après-vente avec Wow L'Agence

Chez Wow L’Agence, nous proposons une analyse holistique des parcours clients, avec une attention particulière aux processus post-achat souvent négligés dans les audits traditionnels. Notre méthodologie permet d’identifier les points de friction, de repenser les politiques de retour, et de former les équipes pour transformer potentiellement un moment de frustration en opportunité d’engagement renforcé.

Nos données internes démontrent qu’un processus de retour efficacement géré augmente significativement la probabilité d’une transaction future, transformant ainsi un coût apparent en investissement relationnel à long terme.

 

Pas de blabla, que des résultats

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